L’usine de Canari, la verrue du cap Corse - France
Posted by: Groundspeak Premium Member Alfouine
N 42° 49.186 E 009° 19.413
32T E 526448 N 4740851
Le site de Canari, qui produisait jusqu’à 28 000 tonnes de minerai par jour dans les années 1960, coûte des millions d’euros pour être mis en sécurité.
Waymark Code: WM1542E
Location: Corse, France
Date Posted: 10/12/2021
Published By:Groundspeak Premium Member FamilieFrohne
Views: 24

The Canari site, which produced up to 28,000 tons of ore per day in the 1960s, is costing millions of euros to make safe.


C'est à parti de la route que l'on peut observer de loin cette catastrophe écologique. Le site est couvert d'amiante et personne ne prendra en charge le coût de la décontamination.


It is from the road that one can observe this ecological disaster from a distance. The site is covered in asbestos and no one will pay for the cost of decontamination.


Cinquante ans après sa fermeture, l’usine d’amiante de Corse reste un problème insoluble

Credits

L’usine d’amiante de Canari, au Cap Corse, dans le nord de l’île de Beauté, a fermé définitivement ses portes le 12 juin 1965. Cinquante ans plus tard, cette friche industrielle et sa carrière continuent, année après année, d’engloutir des millions d’euros d’argent public, dépensés dans le seul but de limiter la menace qu’elles font peser sur l’environnement.

Lorsque la commune de Canari (Haute-Corse) décide, en 1973, de racheter le site pour un franc symbolique à Eternit, le géant français de l’amiante qui l’exploitait, elle est loin de se douter des tracas qu’il lui causerait. A flanc de colline, au bord de la route pittoresque du Cap Corse, entre montagne et mer, les anciens bâtiments de l’usine paraissent aujourd’hui difficiles à désamianter ou même à dynamiter. « Si on détruisait le site, les fibres d’amiante s’envoleraient dans l’air, se désole Armand Guerra, maire de Canari, réélu en 2014 (sans étiquette), qui a travaillé dans les bureaux de l’usine de 1959 à 1964. Laisser le bâtiment tel quel est le seul moyen de se protéger de la poussière toxique. Comme le relève un rapport d’information du Sénat de 2005, à cause de sa position topographique, de l’impact potentiel sur l’activité touristique, de l’ampleur du chantier et des impératifs de sécurité de plus en plus drastiques, la réhabilitation du site paraît aujourd’hui des plus improbables. A chaque fois que des travaux sont entrepris, les contraintes se multiplient : mesures de la concentration en amiante, port de combinaisons et de masques réglementaires, temps de travail fortement réduit, ou encore arrosage régulier du site pour empêcher les poussières de s’envoler. Aucune étude portant sur la destruction potentielle de l’ancienne usine n’a pour l’heure été menée.

Ce statu quo coûte très cher. Entre 2009 et 2014, des travaux de « mise en sécurité » ont été financés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pour un total de près de 12 millions d’euros, et par le Fonds européen de développement régional. Il s’agissait notamment d’empêcher les éboulements sur la route en contrebas de la carrière d’amiante. De nouveaux travaux sont à l’étude, car les intempéries ont provoqué des glissements de terrain au printemps. Coût estimé par l’Ademe : 2,6 millions d’euros.

« L’industrie la plus florissante de l’île »
Avant de devenir le cauchemar de la municipalité, l’usine de Canari a dynamisé l’économie de toute la région. Le filon d’amiante avait été découvert en 1898, mais son exploitation, par la société Eternit, n’a commencé que dans les années 1920. Le minage de cette fibre minérale aux propriétés ignifuges a d’abord été artisanal, jusqu’à la construction d’une imposante usine, achevée en 1953. La production a alors crû en flèche jusqu’à atteindre 28 000 tonnes de minerai par an. Un résultat qui a un temps placé la France au 7e rang mondial pour la production d’amiante, grâce au seul site de Canari. Celui-ci couvrait un cinquième des besoins industriels français en 1962.« Après la guerre, quelque trois cents familles sont venues s’installer à Canari et dans les villages environnants, sans compter ceux qui travaillaient pour les sous-traitants, raconte Armand Guerra. Ces familles étaient des continentaux, mais aussi des Italiens et des Polonais. On dansait tous les week-ends et les bars étaient pleins ! »

« L’usine a permis de restaurer beaucoup de maisons en ruines, dont les habitants avaient quitté le village, faute de travail. On a même pu créer un centre culturel. A cette époque, Canari était une municipalité riche », renchérit son premier adjoint, Thierry Santini. L’exploitation de l’amiante était devenue « l’industrie la plus florissante de l’île », affirme Guy Meria, auteur de L’Aventure industrielle de l’amiante en Corse (éditions Alain Piazzola, 2004). L’acheminement du minerai vers le continent représentait alors à lui seul le tiers de l’activité du port de Bastia.

Nuées de poussière grisâtre
Nul ne s’imaginait alors que l’amiante pouvait tuer. « Le matin, quand j’arrivais au travail, mon bureau était recouvert de deux centimètres de poussière d’amiante. Je passais un coup de chiffon », se souvient Armand Guerra. Des masques étaient mis à disposition des ouvriers, mais ils ne les portaient guère, les jugeant trop inconfortables. A l’extérieur de l’usine et de la carrière, des nuées de poussière grisâtre étaient constamment en suspension dans l’air et recouvraient les zones environnantes. De graves soupçons ont bientôt commencé à peser sur la nocivité de l’amiante. Des ouvriers sont tombés malades. « La médecine du travail savait, l’inspection du travail aussi, mais on ne les voyait jamais sur le site », assure Armand Guerra.

« Il avait été démontré dès les années 1930 au Royaume-Uni que l’amiante était à l’origine de maladies professionnelles », tonne le retraité Guy Meria, ancien inspecteur des affaires sanitaires et sociales. Il a passé des années à rechercher d’anciens ouvriers de l’usine pour analyser leurs dossiers médicaux. « En 2001, parmi les 583 personnes auprès desquelles j’ai pu enquêter, 73 étaient décédées des suites de l’amiante, soit 12,5 %. Aujourd’hui, je pense que l’on a dû dépasser la centaine de victimes. » Impossible d’être plus précis. Guy Meria n’a pu retrouver la trace de la totalité des 1 413 ouvriers qui ont travaillé sur le site, ni des employés des sous-traitants ou des anciens habitants de Canari et des environs.

Déchets déversés en mer
Les dégâts ont aussi été maritimes. Dès 1948, les déchets de l’usine d’amiante ont été déversés en mer, à quelques kilomètres du site, à proximité de la marina d’Albo. D’après les estimations de Guy Meria, l’usine a déversé près de 12 millions de tonnes de « stériles » – les débris de la carrière – dans la mer, alors même qu’un arrêté préfectoral le lui avait interdit.

Lorsque l’usine a fermé ses portes, en 1965, Eternit a invoqué la concurrence de l’amiante du Canada, vendu moins cher. L’exploitant avait par ailleurs demandé un prêt à l’Etat pour moderniser ses installations, y compris sur le plan sanitaire, ce qui lui avait été refusé.

Des décennies de démarches ont été nécessaires pour que les victimes de l’amiante et leurs familles soient reconnues comme telles. Au début des années 2000, la création du fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante a permis le versement de plusieurs millions d’euros. Mais nombre de morts prématurées n’ont pu être directement liées à la fibre. Des « demandes de reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur » ont été déposées, validées pour la première fois en 2004 par le tribunal de la Haute-Corse.

Cinquante ans après la fermeture de l’usine, la commune de Canari a organisé une exposition photographique et érigé une stèle face à la friche. Pour Armand Guerra, il fallait rendre ainsi « un hommage à tous les travailleurs qui, dans la poussière, sans protection, et dans des conditions de travail très pénibles, ont souffert dans ce que l’on appelait “l’enfer blanc” ».


Fifty years after its closure, the asbestos factory of Corsica remains an insoluble problem

The asbestos factory of Canari, in Cap Corse, in the north of the island of Beauty, closed its doors on June 12, 1965. Fifty years later, this industrial wasteland and its quarry continue, year after year, to swallow up millions of euros of public money, spent with the sole aim of limiting the threat they pose to the environment.

When the municipality of Canari (Haute-Corse) decided, in 1973, to buy the site for a symbolic franc from Eternit, the French asbestos giant that had been operating it, it was far from suspecting the trouble it would cause. On the hillside, on the edge of the picturesque Cap Corse road, between the mountains and the sea, the old factory buildings now seem difficult to remove asbestos or even to dynamite. "If we destroyed the site, the asbestos fibers would fly into the air, laments Armand Guerra, mayor of Canari, re-elected in 2014 (without label), who worked in the factory offices from 1959 to 1964. Leaving the building as it is is the only way to protect oneself from the toxic dust."

As noted in a 2005 Senate information report, because of its topographical position, the potential impact on tourist activity, the scale of the construction site and increasingly drastic safety requirements, rehabilitation of the site now seems most unlikely. Each time work is undertaken, the constraints multiply: measurements of the concentration of asbestos, wearing of regulatory suits and masks, greatly reduced working time, or regular watering of the site to prevent dust from flying away. No study on the potential destruction of the old factory has yet been conducted.This status quo is very expensive. Between 2009 and 2014, "safety" work was financed by the Agency for the Environment and Energy Management (Ademe), for a total of nearly 12 million euros, and by the European Regional Development Fund. The main aim was to prevent landslides on the road below the asbestos quarry. New work is being studied, as bad weather caused landslides in the spring. Cost estimated by Ademe: 2.6 million euros.

"The most flourishing industry on the island
Before becoming the nightmare of the municipality, the factory of Canari has boosted the economy of the whole region. The vein of asbestos had been discovered in 1898, but its exploitation, by the company Eternit, began only in the 1920s. The mining of this mineral fiber with fireproof properties was initially artisanal, until the construction of an imposing factory, completed in 1953. Production then soared to 28,000 tons of ore per year. For a time, this result placed France in 7th place in the world for asbestos production, thanks to the Canari site alone. In 1962, the site covered one fifth of French industrial needs.After the war, some three hundred families came to settle in Canari and the surrounding villages, not counting those who worked for the subcontractors," says Armand Guerra. These families were continental, but also Italians and Poles. We danced every weekend and the bars were full!"

"The factory made it possible to restore many ruined houses, whose inhabitants had left the village due to lack of work. We were even able to create a cultural center. At that time, Canari was a rich municipality," adds his first deputy, Thierry Santini. The exploitation of asbestos had become "the most flourishing industry on the island," says Guy Meria, author of L'Aventure industrielle de l'amiante en Corse (Alain Piazzola editions, 2004). The transport of ore to the mainland represented at the time a third of the activity of the port of Bastia.

Clouds of grey dust
No one imagined then that asbestos could kill. "In the morning, when I arrived at work, my desk was covered with two centimeters of asbestos dust. I would wipe it off with a rag," remembers Armand Guerra. Masks were made available to the workers, but they hardly ever wore them, considering them too uncomfortable. Outside the factory and quarry, clouds of grayish dust were constantly suspended in the air and covered the surrounding areas.

Serious suspicions soon arose that the asbestos was harmful. Workers became ill. "The occupational medicine department knew, the labor inspectorate also knew, but we never saw them on the site," says Armand Guerra. In 1963, a union delegate discovered by chance the X-rays of workers sent by the Social Security to the employer, who had said nothing. It was clearly indicated in these files that several workers were suffering from asbestosis, a chronic disease of the pulmonary system due to the prolonged inhalation of asbestos fibres.

"It had been demonstrated since the 1930s in the United Kingdom that asbestos was the cause of occupational diseases," says retired Guy Meria, a former inspector of health and social affairs. He spent years researching former workers at the plant to analyze their medical records. "In 2001, among the 583 people I was able to investigate, 73 had died as a result of asbestos, or 12.5%. Today, I think we must have exceeded 100 victims." Impossible to be more precise. Guy Meria could not find the trace of the totality of the 1 413 workers who worked on the site, nor of the employees of the subcontractors or of the former inhabitants of Canari and the surroundings.

Waste dumped at sea
The damage was also maritime. As early as 1948, waste from the asbestos factory was dumped at sea, a few kilometers from the site, near the Albo marina. According to Guy Meria's estimates, the plant dumped nearly 12 million tons of "waste rock" - the debris from the quarry - into the sea, even though a prefectural decree prohibited it.When the plant closed in 1965, Eternit cited competition from cheaper asbestos from Canada. The operator had also requested a loan from the State to modernize its installations, including health aspects, which was refused.

Decades of efforts were necessary for the victims of asbestos and their families to be recognized as such. In the early 2000s, the creation of the Asbestos Victims' Compensation Fund enabled the payment of several million euros. But many premature deaths could not be directly linked to the fiber. Requests for recognition of the employer's inexcusable fault" were filed, according to the Senate's information report, and validated for the first time in 2004 by the social security court of Haute-Corse.

Fifty years after the closure of the factory, the commune of Canari organized a photographic exhibition and erected a stele opposite the wasteland. For Armand Guerra, it was necessary to pay "a tribute to all the workers who, in the dust, without protection, and in very difficult working conditions, suffered in what was called "white hell".

ID: SSP000595701

Site Name: L'usine d'amiante de Canari

Link to Site: [Web Link]

Additional Parking: N 42° 49.684 W 009° 19.170

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