" Surnommée la "Sixtine de l'époque romane" par Malraux, l'église de Saint-Savin possède l'un des plus vastes ensembles de peintures romanes d'Europe, réalisé autour de 1100 pour les moines bénédictins de l'abbaye. Classé en 1840 sur la première liste des monuments historiques, après sa découverte par Prosper Mérimée, cet édifice majeur de la région Nouvelle-Aquitaine est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983.
De manière générale, la construction est datée du XIe siècle. On trouve trois campagnes de constructions : la première dans la première moitié du XIe siècle a vu la construction du transept puis du chœur ; une deuxième campagne à la fin du XIe siècle concerne la construction des trois premières travées de l'ouest ; une dernière campagne vers 1090 a permis l'édification du clocher-porche puis des six dernières travées de la nef.
L’église est bâtie selon un plan en forme de croix latine, ce qui était la règle pour les églises romanes. La croix est tournée vers l’est pour indiquer aux fidèles le levant, la lumière, symboles du Christ.
Elle frappe par l'ampleur de ses dimensions : 76 mètres de longueur totale, 77 mètres de hauteur pour la flèche et 31 mètres de longueur pour le transept.
Elle commence à l'ouest avec un clocher porche. Il a été plaqué sur la première façade de l'abbatiale. Le clocher, carré, décoré d'arcatures, a été couronné au XIIe siècle de deux étages percés de baies. Il est surmonté d'une haute flèche à crochets, pinacles et parapet, datée du XIVe siècle, très restaurée au XIXe siècle.
La nef a trois vaisseaux qui comporte neuf travées. Le transept vient dans la continuité, long et étroit. Le bras sud est plus court que le bras nord car les bâtiments monastiques y étaient accolés. Des chapelles orientées sont jointes sur chacun des bras. C'est la pièce maîtresse de cet ensemble. Elle mesure 42 mètres de long sur 17 mètres de large avec ses collatéraux (6 mètres sans ces derniers) et 18 mètres de hauteur. Elle est le lieu de rassemblement des fidèles. Elle est en contrebas de cinq marches par rapport au narthex. Le sol va en s'inclinant donnant cette impression d'élévation lorsqu'on regarde vers le chœur.
Le transept se caractérise par son aspect austère. Le soubassement de ses deux chapelles orientées sont dépourvues d'arcatures et leur unique fenêtre est décorée seulement d'un cordon d'archivolte. Au-dessus d'elles s'élèvent les hauts murs du transept renforcés d'étroits contreforts et percé de fenêtres non ébrasées.
La voûte du vaisseau central est en berceau et couvre une superficie de 412 m2. Elle est entièrement peinte. Elle est épaulée par les voûtes d'arêtes des collatéraux. Ces voûtes reposent à la fois sur les colonnes et les demi colonnes engagées dans le mur.
La construction de la nef au cours de deux campagnes est à l'origine de la différence entre les trois premières travées et les six suivantes. Elles sont désaxées. Les unes sont dans l'axe du porche, les autres dans l'axe du chœur. La transition est soulignée par des piliers plus importants.
La première partie est composée de voûte avec des arcs doubleaux alors que la seconde partie est en voûte en berceau plein cintre. Ce parti pris a permis d'obtenir une surface lisse et continue, appelée à devenir le support idéal d'un cycle peint. Les premiers supports sont des piles quadrilobées et, ensuite, des colonnes cylindriques assurent une meilleure pénétration de la lumière dans la seconde partie de la nef. "