«La Pulperie de Chicoutimi est un ancien complexe industriel dont la construction s'est étalée de 1897 à 1957. Le site autrefois voué à la production de pâte de bois comprend une vingtaine de structures, dont quatre moulins, un atelier de réparation, une sous-station électrique, des barrages, des conduites d'eau et des voies ferrées. L'ensemble s'étend sur un demi-kilomètre carré le long de la rivière Chicoutimi, à peu de distance de l'endroit où elle se jette dans la rivière Saguenay, tout près du centre-ville du secteur Chicoutimi de la ville de Saguenay.
La Compagnie de pulpe de Chicoutimi est fondée en 1896 par Joseph-Dominique Guay (1866-1925), maire de la ville, et quelques associés. L'année suivante, Julien-Alfred-Édouard Dubuc (1871-1947) en devient le directeur-gérant et la construction du premier moulin débute. Ce moulin est l'oeuvre d'Alex Wendler, ingénieur allemand, et de C.E. Eaton, architecte de Québec. L'industrie connaît dès ses débuts un vif succès et l'édification du deuxième moulin est annoncée dès 1899.
Les plans du deuxième moulin sont réalisés par les ingénieurs Wallace C. Johnson de Pittsburgh et Johan Winsness de Norvège ainsi que par l'architecte québécois René-Pamphile Lemay (1870-1915). Lemay fait partie des principaux architectes de l'est du Canada au XXe siècle. Fort de son expérience au sein d'une firme américaine d'architectes, il introduit à Chicoutimi les premières oeuvres d'architecture moderne, parmi lesquelles figurent les bâtiments de la Pulperie.
Lors de l'Exposition universelle de Paris en 1900, la Pulperie obtient une médaille d'or pour la qualité de sa pâte de bois mécanique. Trois ans plus tard, au moment de son inauguration, le deuxième moulin est considéré comme le plus grand au monde. En 1907, les employés de la Pulperie fondent le premier syndicat catholique en Amérique du Nord, la Fédération ouvrière de Chicoutimi qui deviendra en 1912 la Fédération ouvrière mutuelle du Nord.
À compter de 1909, l'entreprise connaît une nouvelle phase d'expansion et un troisième moulin est construit en 1911. Les ingénieurs en charge de l'installation du système hydraulique sont Wallace C. Johnson et Édouard Lavoie, tandis que René-Pamphile Lemay dresse les plans de la nouvelle usine.
En 1915, l'entreprise s'associe à l'un des plus grands consortiums de pâtes et papier en Amérique du Nord, la North American Pulp and Paper Company. La construction du quatrième moulin est amorcée quatre ans plus tard, selon les plans des ingénieurs Lorenzo Delisle, Burroughs Pelletier et Édouard Lavoie. Ils préparent aussi les plans d'un bâtiment qui reprend le gabarit des moulins et sert d'atelier de réparation et de fonderie.
Chicoutimi compte parmi les capitales mondiales de la pâte de bois en 1920. Durant cette décennie, les activités de la Pulperie commencent cependant à décliner et l'entreprise cesse définitivement ses activités en 1930. Des incendies ravagent le premier moulin en 1935 et en 1940 et le site est laissé à l'abandon durant quelques années. Le gouvernement québécois en devient propriétaire au début des années 1940, puis le revend à la Eastern Mining and Smelting Corporation. Cette entreprise amorce l'installation d'une centrale hydroélectrique et d'une usine d'affinage des métaux en 1956-1957, mais le projet est interrompu deux ans plus tard.
En 1966, la compagnie Union Carbide achète les installations hydroélectriques de la Eastern Mining and Smelting Corporation. Ayant de la difficulté à assurer la sécurité des lieux, elle songe à détruire les moulins en 1978, mais à la suite de pressions du milieu, la Ville de Chicoutimi refuse le permis de démolition. Au début des années 1980, une société est créée afin de restaurer et de mettre en valeur ce site industriel.
La Pulperie de Chicoutimi est classée en 1984. La même année, elle est également reconnue d'importance historique nationale par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
Au début des années 1990, un projet de mise en valeur est enclenché et le troisième moulin est alors transformé en salle de théâtre. Après les inondations catastrophiques de juillet 1996 qui détruisent ou endommagent certaines installations et structures, le site est réaménagé. Il comprend, outre un circuit d'interprétation, le musée régional dans lequel est intégrée la maison Arthur-Villeneuve. La Pulperie de Chicoutimi est aujourd'hui l'un des principaux lieux de mémoire et de tourisme culturel du Saguenay-Lac-Saint-Jean. »
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